mercredi 12 octobre 2016

16 JOURS POUR FRANÇOIS VILLON « La cloche de Sorbonne qui toujours à neuf heures sonne » François Villon « Le lais »



Tiré du « Lais » ou « Petit Testament », ce passage de Villon a été interprété par beaucoup de chercheurs comme un alibi destiné à le couvrir après l’affaire du Collège de Navarre.
Il se dépeint dans sa chambrette, peut-être la nuit de Noël.
Il vient de se prendre une « taule » avec une certaine Marthe.
Il va partir. Il est là tout seulet à rédiger un testament malgré l’encre qui gèle dans l’encrier… Pitié !… Pitié, pour le pauvre Villon ! 
Alors ?… Confidences ?… Alibi ?… ou - plus sûrement -  littérature et poésie ?…

Photo du Collège de Navarre prise par Atget au 19ème siècle.
Bâti par la volonté de Jeanne 1ère de Navarre, épouse de Philippe le Bel, le collège de Navarre n’existe plus. Détruit au 19ème siècle il a laissé place à l’école
Polytechnique à l’angle de la rue Sainte-Geneviève et de la rue Descartes.


Retrouvons-le, le « pauvre » Villon, en cette nuit de Noël 1456 et laissons-lui la parole :
(extrait de « François Villon, corps à cœur ») :
 
« C’est la belleeeu nuit de Noël.
La neige étend son manteau blanc et les yeux levés
vers le ciel, piétinent cinq petits rufians, cinq petits
voleurs, cinq petits croch’teurs qui patinent sur le verglas.
La nuit est claire. Il neige plus.
Colin et Petit Jehan ont leurs outils.
Dom Nicolas porte un sac de toile… Bleu, le sac.
(Villon se tapote la tête avec l’index)
-Tu vois si c’est gravé là-dedans ? ! -
On longe le mur qui entoure la maison où veille
la statue de saint Simon.
Saint Simon pourra pas nous caf’ter à saint Pierre ; il est
à moitié recouvert par la neige.
On voit plus qu’ son auréole !
Vers le haut du mur y a un bout d’ ferraille qui dépasse.
On s’fait la courte. On chope le bout de fer gelé et…
CRRRRRRAAAAACK !
Dom Nicolas vient de déchirer son froc de moine !
Nos frusques nous tiennent chaud mais va falloir
les larguer pour exécuter la prochaine escalade.
Bon… Nous voilà bientôt dans la cour de la maison.
Cayeux repère tout de suite un râtelier posé dans
un coin.
Ça tombe bien parce qu’on a besoin d’une échelle !
On arrache le râtelier à moitié pris dans la glace.
On le dresse et on va le coller contre le haut, le très
haut mur du Collège de Navarre.
Colin, Petit Jehan et moi, on refile nos robes trop
longues à Tabary.
On a demandé à cet empoté de nous attendre au pied
de l’échelle improvisée.
Nous voilà bientôt à nous geler les couilles en chausses
et pourpoints courts.
En grimpant Petit Jehan manque de s’ casser la gueule.
Tout a failli foirer pour un crochet pris dans un rolon…!
Foutre !
Heureusement qu’ j’ai pu l’ virer ce putain d’ crochet !
Derrière le mur, un peu en contrebas, y a des tas d’ bois
sous des abris.                        
Ce sont les bûchers du Collège.
Je connais bien l’endroit.
On prend bientôt appui sur le toit d’une des cabanes
et on se trempe le cul jusqu’au col à se laisser glisser
dans la neige craquante.
Nous v’là dans la cour du Collège !
Pas un chat !
Ici, d’habitude, les orateurs braillent des chansons, les
goliards baisent des golieuses dans tous les coins.
Mais à cette heure… Et par ce temps…
Tout l’ monde se les carre au chaud !
On traverse la cour droit vers la chapelle.
Mes deux compagnons m’ plantent là car c’est là qu’il
faut que j’ fasse le guet.
Déjà ils ouvrent la fenêtre de la sacristie plus facilement
qu’une huître.
Les voilà dans la place.
Les voilà d’vant le coffre que j’ leur ai décrit.
Le coffre ! Le grand coffre à quatre serrures ! !
Hmmmmmm !…
Quatre serrures dont leurs crochets de coquillards
ont bientôt raison en moins de deux.

Tu penses si je l’ai r’péré l’coffre !…
Le Collège, j’ le connais depuis toujours.
Normal quand on est l’ neveu du chapelain de Saint-
Benoît-le-bétourné !… On a de bonnes fréquentations.
Alors on r’luque, on r’père… On enregistre…
J’ai toujours su qu’à l’intérieur de ce maousse y avait
un p’tit coffret. Ouais, un joli p’tit coffret tout en noyer…   
Inutile de dire qu’il a pas mieux résisté aux tiges
des ribauds que son grand frérot ! …
En trois tours de rossignol, ils te font sauter la bricole !
À l’intérieur y a trois bourses, trois burnes en or
sagement rangées près d’un papelard bien plié : l’inventaire
des thunes déposées !
Pendant c’ temps-là moi je commence à me cailler
la couenne.
Le bruit froufrouteux d’un paquet de neige qui s’effondre
me fait sursauter.
Déjà, mes copains repassent la fenêtre.
Depuis un moment des flocons se sont remis à voleter.
Grimper sur le toit du bûcher, s’y tenir sans glisser
et re-franchir le mur sans se ramasser la gueule ne sont
pas choses aisées. On y arrive quand même !
Enfin, on enfile bientôt nos frusques même pas chauffées
par Tabary qui grelotte de trouille et de froid.
On remet le râtelier en place.
La neige effacera nos traces.                                              
On repasse le muret du jardin.
Nous voici de nouveau dans la rue Sainte-Geneviève.
Saint Simon est maintenant complètement planqué
sous la neige.
DONG ! DONG !
Minuit sonne.
Tabary  fouette de plus en plus. Il manque se chier dessus
quand Cayeux lui dit qu’il le butera s’il lui prend l’envie
d’ baver et même qu’on r’trouvr’a sa barbaque dans
le puits-aux-bouchers.
Cayeux lui annonce qu’on a tiré cent écus.
Il en refile dix au Guitou qui s’ carapate par la rue Clopin 
tout en pétant pétoche.
Le coquart s’est-il douté que c’est pas cent écus qu’on
a engourdis mais cinq cents ?…
J’ sais pas.
Toujours est-il qu’il a préféré calter.
Les quatre cent quatre vingt dix écus qui restent,
on se les partagera plus tard, peinards. On envisage déjà
un autre coup. Un coup qui doit m’envoyer promener
à Angers, histoire de voir s’il n’y a pas moyen de soulager
un ecclésiastique de ma famille de quelques centaines d’écus.
Ooooh, putain ! La belle inspiration ! !…
Heureusement que je me suis éloigné de Paris quelque temps.

Ce n’est qu’en mars, au moment d’ouvrir le coffre
que le proviseur de Navarre a découvert le forfait…
Il s’est aperçu que  toutes les serrures étaient bloquées…
Hé ! Hé ! Elles avaient été forcées avec suffisamment
d’art pour que l’on n’ s’aperçoive de rien à première vue.
Au déverrouillage, les logiciens en ont perdu toute
leur philosophie.                            
Leur magot s’était envolé !
Ils ont braillé comme des ânes à qui le leur rendrait.
Les esprits les plus beaux se sont échauffés et ont réclamé
que l’on coupât les bourses des crocheteurs dans
les plus brefs délais.
On les entendait gueuler l’affreux jusqu’en bas de la rue
Sainte-Geneviève !…
Y a eu une enquête, tout ça… Deux examinateurs
du Châtelet ont analysé la situation. Ils ont convoqué
pas moins de neuf serruriers… Que des spécialistes !…
Après inspection, après réflexion, tous les neuf sont
tombés unanimement d’accord sur un point : les voleurs
n’avaient pas les clefs ! !… Ah !… Ah !… Ah !…
Mais voilà, pendant que l’enquête progressait, Tabary
ouvrait sa gueule de plus en plus grand.
Il avait pris le pli de se vanter.
Il jouait au grand Couerre ; au truand d’ première bourre !
Alors est arrivé c’ qui d’vait arriver : il a été balancé.
Et c’est comme ça qu’il s’est retrouvé au Châtelet.
Là, le bourreau lui a fait chanter la vieille complainte
des torturés.
À la question ordinaire il a donné des réponses extra-
ordinaires, not’ Guy !
C’est comme ça qu’on est devenu gibiers, gibiers
de potence, nom de Dieu !
Et c’est comme ça qu’ils ont chopé Colin.
Mais le bestiau s’en est tiré j’ sais pas bien comment…
Quant à Tabary, c’est sa maman qu’a lâché deux fois
cinquante écus à la faculté de Théologie pour qu’il puisse
continuer à déconner dans toutes les tavernes.
« Mince ! Zut ! Paille ! ! » comme disait le Grillu.
Ouais…  « Mince ! Zut ! Paille ! »

Ce texte, Bruno Daraquy, le dit en scène. Il le place comme une respiration entre deux chansons. Chansons pour lesquelles nous continuons d’essayer de rassembler la totalité de l’argent qui nous permettra de couvrir les frais d’enregistrement pour que nous puissions joindre un beau disque au beau livre.
Nous n’avons plus que 16 jours, et même si l’affaire a bien progressé. Nous n’avons pas encore atteint l’objectif.
Alors, rendez-vous sur Ulule http://fr.ulule.com/francois-villon/



Un grand merci à ceux qui nous ont aidés, nous aident ou nous aideront !
On peut suivre l’évolution de l’opération et aussi trouver des extraits du livre, des illustrations et des documents sur :
http://jp-joblin.blogspot.com
https://www.facebook.com/spectaclesbrunodaraquy/?fref=ts
https://www.facebook.com/Jean-Pierre-Joblin-textes-et-des…/…

Vous pouvez en apprendre plus sur ce projet et le futur spectacle qui en découlera en écoutant Bruno Daraquy vous en parler de vive voix dans l’émission de « La clé des ondes ». Il suffit de cliquer sur ce lien :
https://www.youtube.com/watch?v=pJrGeI5eO-M
Un petit teaser, vous permet également d’entendre des extraits de chansons enregistrés pendant des répétitions.
https://www.youtube.com/watch?v=MS90RUzfXYs





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